dimanche 19 août 2018








biennale d'enghien, miroirs # 2 / tout est paysage (2018)

laurette atrux-tallau, jean-marie bytebier, griet dobbels, lionel estève, federic fourdinier, pierre gerard, bernard gigounon, pierre-philippe hofmann, maxence mathieu, michel mazzoni, void, sophie whettnall


pierre gerard : pavillon des sept étoiles, plan f





























un kiosque, un parc, une structure en bois brut qui
serait une éventuelle forme préexistante sous le
kiosque, rendue visible pendant un temps déterminé
au centre du kiosque, il deviendrait pour cette
période un écrin contenant la forme, la surface d'eau
entourant serait considérée comme un miroir, un
pivot permettant à la forme d'apparaître, d'être
visible ..



Plus que la variété des modes d’expression mis en oeuvre, c’est le développement logique dont son travail est l’objet qui est remarquable. Car si elle annonce un renouvellement constant des méthodes, des supports et des motifs, son entreprise a ceci de stable que toujours elle recherche le décalage du regard. En quête d’un basculement de sens, l’artiste cherche à perturber la vision réflexe du spectateur à travers le jeu des apparences et de l’analogie afin de rendre « ce qui méconnaissable encore plus méconnaissable tout en reconnaissant l’objet »
extrait de: pierre gerard, acrobate de la réalité quotidienne par Julie Bawin
art même, n°29, 2005, page 21


...Ces objets/matières de la vie courante, a priori dénués de valeur esthétique (jusqu’à ce qu’il soit érigé en oeuvre d’art, du fait de l’intervention de l’artiste et de ses ajouts) se trouvent associés les uns aux autres en d’étranges montages, paraissant animés de quelque mystérieuse logique interne.
Tantôt, ces montages s’apparentent à des maquettes d’architecture, tantôt à quelques prototypes d’objets utilitaires à venir, mais dont on chercherait à deviner l’usage… C’est notamment dans cet aspect précis, à un niveau en quelque sorte macroscopique, que réside l’originalité de la création de Pierre Gérard. Effectivement, ici le travail mène à s’interroger sur les fonctions que l’on prête aux objets, tant au moment de leur conception que dans la façon que l’on a de les reconnaître ensuite, en vue, bien sûr, de s’en servir. De même, avec cette interrogation relative à la fonction des objets, vient une réflexion implicite, d’ordre linguistique, sémantique, qui a trait aux noms qu’on leur attribue, également par suite de ce mécanisme de reconnaissance que l’on développe progressivement dans l’enfance.
C’est donc à une certaine forme d’expérience cognitive que Pierre Gérard, tacitement, nous convie. Ici, elle consiste à se plonger dans un certain état de mise en doute du visible, et surtout dans une mise en doute de ce que ce visible a pour nous d’acquis. C’est se mettre en quête, à la suite de l’artiste, d’une perception primitive, d’une perception du premier jour dont chacun a d’intimes souvenirs.
Yoann Van Parys (2008)
extrait d'une version française d'un texte paru dans l'artforum


...These materials from daily life were juxtaposed in strange assemblages that seemed to thrive on some mysterious internal logic.
At times, these assemblages resemble architectural models, at times prototypes of utilitarian objects from the future whose use one can only guess. This is what makes Gerard's work so original. Clearly, these pieces trigger questions about the function we assign to objects, both when they are designed and later on, when we recognize them in terms of their use. And in considering the function of objects, we naturally reflect on their linguistic and semantic dimension, that is, the names we give them. Gerard is therefore tacitly inviting us to a kind of cognitive experience: one that involves diving into a state of doubt, a questioning of what we see and especially of what we have learned about it. Like the artist, we set out on a quest for a sort of primitive perception, the kind we must have had at the beginning of life, and whose memory we hold so preciously within us.

Yoann Van Parys

Translated from French by Molly Stevens.
COPYRIGHT 2008 Artforum International Magazine, Inc.









https://www.facebook.com/Biennale-dEnghien-2248494005373653/
www.facebook.com/media/set/?set=a.2257827337773653




4 jours et 3 nuits sur place / 4 days and 3 nights on the spot ..
pour construire / to build ..

200 lattes de 5 x 2,5 x 420 cm / 200 wooden slats ..
une bobine en bois de chantier de 112 (h) x 165 (⌀) cm / a wooden reel of construction site .. 
dimensions totales de la structure 620 (h) x 475 x 470 cm / overall size of the structure ..









































































































































































in situ : tout est paysage

miroirs#2, parc d'enghien, avenue elisabeth, 7850 enghien du 08 au 23/09 2018

(..)

Mikado Kubrickien

C'est l'idée de paysage qui assure la cohérence de la biennale. On le sait depuis Jean Dubufet : 'Tout est paysage'. Le risque était donc celui d'un parcours fourre-tout, d'une thématique prétexte. Il n'en est rien. Chaque plasticien dialogue avec un édifice du parc. Ce que l'on retient? Certainement Griet Dobbels, qui présente On the beach dans l'époustouflant pavillon chinois. L'oeuvre consiste en une sculpture composée de papier steinbach et de colle. Celle-ci compose un paysage montagneux totalement fascinant au milieu duquel se trouve une sorte de 'trou sans fond', selon le terme de l'intéressée. Utopie et dystopie sont totalement liées au sein de cette oeuvre ayant nécessité un assemblage digne d'un moine bénédictin. Bien sûr, le résultat intérroge la question de la 'valeur', qui ne serait pas la même si la pièce avait été réalisée par une machine. Un point que le spectateur lambda ignore. Au rayon des interventions remarquables, on pointe aussi le travail de Frederic Fourdinier. Le français investi le sous-sol des écuries à la faveur d'une cartographie qui mêle territoire proche -celui dont l'homme est la mesure- et territoire lointain -celui du 'multivers', cette idée d'une infinité de mondes. Enfin, le liègeois Pierre Gerard signe une magnétique installation à base de 250 lattes de bois. Cette sculpture-partition comme en lévitation crée un choc visuel, un mikado kubrickien étourdissant. Celui-ci se dresse du côté du pavillon des sept étoiles, une construction baroque qui livre une photographie du ciel tel que l'on se le représentait en 1650.

extrait de : Michel Verlinden, focus vif 06.09.2018






La biennale connecte à merveille l'art, le patrimoine bâti, la nature boisée et le parc dessiné par l'homme.

Les biennales se multiplient à l'envi mais ne se ressemblent pas toutes. Il y a des mégamanifestations aux allures de plus en plus commerciales, les prétextes à des animations artistiques et de temps en temps on rencontre un petit bijou animé par la passion éclairée. C'est le cas de la seconde édition de la biennale du parc d'Enghien, Miroirs, dont la thématique parfaitement adaptée au lieu est tout est paysage. Une proposition qui correspond au site naturel et patrimonial absolument à découvrir tant il est un équilibre rare entre architecture ancienne préservée, parc adroitement ordonné avec plans d'eau et ses espaces plus sauvages. Et aussi une proposition ouverte pour les artistes qui ne se sont pas privés du loisir d'implanter leurs oeuvres réalisées ou adaptées pour la circonstance, dans les bâtiments, dans les allées ou les étangs, voire dans le bois. Le parcours découverte de l'ensemble est un enchantement qui demande de prendre son temps afin de profiter au maximum de cette fusion dont la justesse sert, et l'art actuel, et les richesses patrimoniales. Sans ostentation, avec fine sensibilité.

Cohabitation naturelle
   Le paysage est l'une des plus anciennes et des plus permanentes thématiques artistiques. La voici qu'elle s'invite à s'intégrer de manière active dans le sujet lui-même et à faire corps avec lui lorsque Sophie Whettnall trace une ligne mouvante , brisée, lumineuse comme l'or au soleil, dans un des étangs, ou que Lionel Estève, dans une intervention pleinement poétique, légère, fragile et délicate, laisse planer au gré du vent  une plume d'oiseau entre les arbres. Ou encore lorsque Maxence Mathieu dissimule en forêt un dessin d'enfance ou sollicite l'effet miroir d'une pièce d'eau afin de lire une écriture inversée. Toutes ces oeuvres cohabitent intimement avec la nature dont le peintre Jean-Marie Bytebier livre une vision à la fois romantique et pleine de mystère. 

Rencontres surprenantes
   La même complicité agit dans les oeuvres incluses dans les bâtisses patrimoniales. Pierre Gerard, par une construction de bois, multiplient les axes du pavillon des 7 étoiles auquel Frédéric Fourdinier offre des prolongements potentiellement cosmiques dans les écuries où Void invite à parcourir une évocation d'un paysage d'orgues balsamiques et où, pour peu que l'on rejoigne le souterrain, Pierre-Philippe Hofmann nous conte en images et en statistiques, un incroyable parcours pédestre en Suisse. En fait, rien n'est à manquer dans cette déambulation aux rencontres toujours surprenantes, ni les bois dorés de Laurette Altrux-Tallau, ni les vidéos de Bernard Gigounon transformant le réel en visions émerveillées, ni les réalisations d'images chromatiques de Michel Mazzoni, ni les incroyables montagnes de papier de Griet Dobbels qui, le soir du vernissage, a invité à participer à une performance visant à tracer une ligne droite dans l'espace. Une totale réussite dont il faut absolument profiter.

Claude Lorent : semaine du 12 au 18 septembre 2018, arts libre 










www.pierregerard.eu
www.unarbreenbois.be

https://twitter.com/pierregerard_
https://pierregerard.bandcamp.com




self - release (limited edition of 21 numbered copies) . | cd-r |
https://www.pierregerard.eu/discography.htm#principe